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FILM - Un jeune réalisateur est parti à la rencontre de permaculteurs français, pour tenter de percer ce qui leur donne envie de développer le vivre ensemble.

La tendance actuelle est au retour à la terre. En témoigne l'essor du jardinage, que ce soit dans les jardins partagés qui essaiment dans les villes de France, rappelant les grandes heures des jardins ouvriers du 19ème siècle, ou dans les jardins privés.

En creux de cette tendance, se niche la permaculture. Mot-valise contraction de permanent et d'agriculture, elle tend, à ne pas épuiser les ressources de la terre.

Adrien Bellay, réalisateur du film L'éveil de la permaculture.

Adrien Bellay, réalisateur du film L'éveil de la permaculture. © Clémence Leleu

Mais la permaculture ne s'arrête pas aux limites du potager. Elle vise aussi, de façon plus globale, à construire un nouveau projet de société, basé sur le vivre ensemble.

C'est donc cet art de jardiner et de vivre, qu'Adrien Bellay, réalisateur du documentaire L'éveil de la permaculture, est allé questionner aux quatre coins de France. Un périple à découvrir au cinéma dès le 19 avril.

Redonner les fondamentaux

Il y a trois ans, lorsque le réalisateur de 29 ans débute son film, la permaculture est encore un sujet confidentiel. “Il y avait pas mal d'approximations sur le sujet, la permaculture étant souvent réduite à la culture sur butte ou à une secte dans la mouvance New-Age. Je voulais donc redonner les fondamentaux.

Avant de parcourir la France, il se lance donc dans un cours de design en permaculture. Deux semaines de formation théorique pour le moins denses. “Certains élèves étaient très vites perdus. Cela requiert des connaissances scientifiques assez poussées”, reconnaît le jeune homme.

Mais pas de quoi décourager le jeune homme qui, après cette introduction théorique, part rencontrer sur le terrain ceux pour qui la permaculture relève plus d'un mode de vie que d'une pratique de jardinage. Il rencontre donc des hommes et des femmes d'univers divers, qui permettent de mieux comprendre cette technique.

Une société fondée sur le vivre ensemble

Un moment de partage, dont il garde d'excellent souvenirs. “Ce sont des personnes qui veulent construire un projet de société fondé sur le mieux vivre. Vivre ensemble tout en créant un avenir meilleur pour les générations futures”. Un écho aux trois éthiques de la permaculture que l'on trouve dans tous les ouvrages dédiés au sujet : prendre soin de l'Homme, de la nature et partager équitablement les ressources.

Dans le film on découvre tant des personnes qui partent s'intaller à la campagne pour se reconnecter à la terre, loin de tout, que des jeunes qui montent un groupe afin de créer un potager en permaculture tous ensemble, qui devient l'élément fédérateur. Mais Adrien Bellay est également allé se frotter aux agriculteurs urbains ou à ceux qui pratiquent l'agriculture à une plus grande échelle que celle du jardin.

L'idée n'est pas d'exclure qui que ce soit ou de ne parler qu'à un public d'initiés. Par ailleurs, beaucoup de gens qui sont venus aux avant-premières font de la permaculture sans le savoir, avec des valeurs respectueuse de la nature et des Hommes”, explique Adrien Bellay.

Un milieu qu'il faut prendre le temps de connaître

Pourtant, au visionnage du film, on se rend compte que le milieu de la permaculture peut être perçu comme très imperméable, avec un vocabulaire propre et une philosophies assez stricte.

Rien d'insurmontable, selon Adrien Bellay. “Il y a tout un cheminement à faire. Commencer par fréquenter les jardins partagés, se rendre dans les festivals, les conférences, afin de s'imprégner de l'atmosphère. Mais il faut surtout se situer par rapport à son projet et ses besoins.

Un apprentissage théorique pas forcément nécessaire si l'objectif est de créer son potager en permaculture. “À l'inverse, pour ceux voulant créer un lieu de vie, ces stages et cette imprégnations dans le milieu sont importants”, détaille Adrien Bellay.

Un apprentissage à faire en douceur. Il faut prendre le temps d'apprivoiser cette philosophie, comme le temps que prend la plante à pousser.

À l'avenir, le réalisateur aimerait se lancer dans un autre documentaire, toujours sur la permaculture, mais qui cette fois, montrerait davantage les petits tracas qui peuvent subvenir lorsque l'on se lance. “Les expériences ratées, les réticences de la famille ou des voisins, qui ne sont finalement pas abordées dans L'éveil de la permaculture”, détaille Adrien Bellay.

Le jeune homme trace donc durablement son sillon dans le domaine de la permaculture.