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CONTACT - L'association Voisin Malin missionne des habitants des quartiers prioritaires pour faire du porte à porte et informer leurs voisins sur les projets de rénovation en cours.

Faire appel à des habitants des quartiers pour informer et écouter leurs voisins : c'est l'idée novatrice d'Anne Charpy, présidente et fondatrice de Voisin Malin.

Depuis 2010, cette association travaille à renforcer le lien social dans les quartiers identifiés comme prioritaires par le ministère de la Ville. Le nouveau critère retenu par le ministère : 50% des habitants en dessous du seuil de pauvreté, fixé à 60% du revenu annuel médian national.

Tri sélectif, consommation d'eau, projets de réhabilitation ou encore éradication des punaises de lits : les Voisins Malins interviennent sur des sujets très variés. Ils sont aujourd'hui 65 à faire du porte-à-porte dans huit villes, en Essonne, Seine-Saint-Denis, à Paris et à Lille.

Narimane Baba Aissa est chargée de développement pour l'association et répond à toutes les questions de 18h39 sur cette initiative.

Porte-à-porte solidaire

Quel est l'objectif de Voisin Malin ?

C'est vraiment parti d'un manque observé sur le terrain par Anne Charpy, la fondatrice et présidente actuelle de l'association. Elle menait auparavant des projets de rénovation urbaine à Grigny, dans l'Essonne. Elle a constaté que beaucoup de programmes sont lancés en direction des habitants des quartiers, mais sans jamais prendre en compte leur avis.

Il y a aussi toute la question de l'accès au droit. Très souvent, les habitants les plus isolés, (les personnes âgées, ceux qui ne parlent pas bien français...) ne profitent pas des dispositifs auxquels ils ont droit, comme le RSA.

Les Voisins Malins sont donc missionnés par des institutions, des mairies, des bailleurs sociaux, pour faire ce travail de communication, de sensibilisation et d'écoute des habitants.

Voisins Malins en formation à Paris.

Voisins Malins en formation à Paris. © Voisin Malin

Qui sont les Voisins Malins, ceux qui font ce porte-à-porte ?

Quand on commence à travailler dans un quartier, notre manager de terrain rencontre les acteurs locaux : les associations, le boulanger, le charcutier... Ce sont eux qui nous recommandent des habitants, que nous allons salarier pour travailler 16 heures par mois en moyenne.

On se retrouve avec des Voisins Malins aux profils très différents : des acteurs associatifs de longue date, d'autres pour qui c'est leur premier engagement, des timides, des personnes qui viennent de toutes les communautés du quartier...

Nous sommes très fiers de notre travail de sensibilisation auprès des habitants mais aussi de ce que ce travail apporte aux Voisins Malins. Ce sont des habitants des cités avec leurs problématiques de la vie quotidienne. Pour certaines mères de famille c'est la première fois qu'elles sortent de chez elles.

Écoutez Inayat parler de son expérience avec Voisin Malin :

Mon expérience.mov from VoisinMalin on Vimeo.

Renforcer le lien social

Et comment sont-ils reçus ?

8 portes sur 10 s'ouvrent, ce qui est déjà très impressionnant dans des quartiers ou il est parfois difficile d'entrer. Il y a un lien de confiance qui se crée. Ils se présentent comme habitants du quartier, et ils vont parler de sujets sur lesquels ils sont à égalité.

Ils sont souvent invités à prendre le thé. On a envie de faire du qualitatif, donc c'est une bonne chose qu'ils discutent avec les gens isolés.

Pouvez-vous nous présenter une mission emblématique ?

Les Voisins Malins sont régulièrement missionnés par Veolia pour expliquer aux habitants leur facture d'eau. Ils les conseillent sur leur consommation, leur disent d'aller voir le gardien pour signaler une fuite, ou le syndic s'il fait payer ces charges trop cher. Cela a permis à certains habitants de réaliser des économies, jusqu'à 300 euros par an.

Porte à porte à Aulnay-sous-Bois.

Porte à porte à Aulnay-sous-Bois. © Voisin Malin

Comment allez-vous développer votre action ?

Nous n'avons pas l'ambition d'intervenir dans tous les quartiers prioritaires en France. Mais nous espérons que notre démarche soit reproduite ailleurs.

Nous visons 20% des quartiers prioritaires, ce qui représente 20 villes et 500 000 habitants, d'ici 2019.

Une fois que l'on aura cette assise, nous voudrions lancer des innovations qui serviraient notre action : un observatoire du ressenti des habitants, une école des Voisins Malins, dans laquelle nous mettrions à disposition nos outils, ou encore une communauté numérique de voisins connectés. Tout ceci est en pleine réflexion, nous ne savons pas encore à quoi ça va ressembler.